Épisode 5 sur la fermeture des frontières Bénin-Nigéria: OBASANJO, un visionnaire, une exclusivité du professeur TOMETY

Changer de paradigme dans les relations entre le Bénin et ses voisins : Obasanjo a vu loin et très tôt

S’il est vrai que la défense de la nation et de l’intégrité du territoire de la République du Bénin est un devoir sacré pour tout citoyen béninois conformément aux dispositions de l’article 32 de la Constitution du 11 décembre 1990, force est de reconnaître qu’aucun patriotisme débridé ne doit empêcher de faire une analyse sans complaisance de la fermeture unilatérale des 800 km de frontières avec le Nigéria.
La situation est d’autant plus dramatique qu’il s’agit bel et bien d’une guerre économique déclenchée par le Nigéria comme mesure de répression économique à l’encontre de l’Etat béninois qui préfère encourager la contrebande pour collecter des rentes fiscales au lieu d’investir dans l’agro-industrie afin de diversifier et domestiquer les chaînes de valeurs. Seul le coton bénéficie de toutes les attentions du gouvernement béninois depuis toujours alors que le coton n’est pas une culture d’enjeu majeur entre le Bénin et le Nigéria jusqu’ici. La situation est d’autant plus préoccupante que les efforts de production des paysans béninois ne sont guère récompensés par le gouvernement et à chaque période d’abondance correspond une période de perte énorme des productions et de perte de revenus. Depuis avril 2016 que le gouvernement actuel s’est installé, il semble avoir banalisé les unités semi industrielles installées par le régime précédent notamment pour les fruits et légumes. Celles-ci sont devenues des éléphants blancs alors qu’il est possible de les réhabiliter. En outre, on peut se demander à quoi servent réellement les agences territoriales de développement agricole qui visent semble-t-il le développement des filières dans chaque bassin de production ?

L’information et la responsabilisation des citoyens dans la guerre économique entre le Bénin et le Nigéria

Une appropriation de cette guerre économique par les citoyens béninois et nigérians est indispensable car les deux Etats frères sont condamnés à vivre en parfaite intelligence. D’ailleurs, l’article 33 de la Constitution invitent tous les citoyens au devoir de travailler pour le bien commun. Nous sommes donc individuellement et collectivement interpellés par ces tonnages de fruits et légumes qui pourrissent dans les champs et marchés du fait que depuis 15 ans, l’appel du Président Obasanjo aux opérateurs économiques à Cotonou n’a reçu aucun écho favorable ni du gouvernement, ni du parlement et encore moins des Chambres consulaires du Bénin.Figurant parmi les dix pays les plus peuplés au monde, le Nigéria est un véritable marché à la portée et aux portes du Bénin. En raison de son inorganisation et d’un déficit de cohérence de ses politiques publiques, le Bénin n’arrive pas à développer une relation économique saine avec le Nigéria. Cela découle d’une culture vivace de circulation des biens et des personnes basée sur la contrebande et étroitement liée aux aires sociolinguistiques partagées par les deux pays.
Malgré l’appel fraternel lancé aux opérateurs économiques le 22 avril 2004 au Palais des Congrès de Cotonou, quinze années après, le gouvernement du Bénin a fait la sourde oreille et est surpris par la fermeture unilatérale de la frontière entre les deux Etats. Il convient de rappeler encore ici l’extrait de ce discours d’Obasanjo : « Nous ne permettrons pas à notre économie d’être détruite au profit du trafic illicite […] Nous ne permettrons jamais de faire entrer chez nous des produits importés d’autres pays […] Mais tout ce que vous produisez ici au Bénin, nous mettrons tout en œuvre pour vous les vendre au Nigeria […] Nous n’allons pas accepter que le Nigeria serve de dépotoir pour certains pays. […] ». Ne s’agit-il pas d’un manque de capacités nationales à analyser les politiques publiques nigérianes, notamment les mutations économiques en cours dans ce pays ? En analysant le plan national de développement (PND 2018-2025), on découvre aisément la méconnaissance ou du moins la connaissance larvaire du Nigéria par les autorités et les cadres béninois. On se demande comment un tel document a pu échapper à une analyse de cohérence par rapport aux mutations économiques au Nigéria notamment dans les secteurs de l’économie maritime et de l’économie agricole.

Le Bénin doit changer d’idéal économique pour ne plus se contenter d’être un pays de transit et de service. C’est la plus grosse erreur d’analyse géoéconomique qui est répétée sans cesse dans tous les documents de prospective et de planification. La culture de prévisibilité du développement économique et social au Bénin est donc assez lacunaire, quel que soit le secteur considéré. En dehors du coton partiellement structuré en filière, aucune spéculation ne répond véritablement à une interprofession construite pour s’imposer au niveau national et entre le Bénin et ses voisins.

Les incohérences entre les politiques fiscales, les politiques agricoles et les politiques commerciales avec la délivrance anarchique des licences d’importation au mépris des efforts des paysans et des artisans sont inadmissibles, en même temps au nom d’un libéralisme mal assimilé, aucune production nationale ne fait l’objet d’une quelconque protection : les marchés béninois sont envahis de produits de substitution et les marchés nigérians par des marchés de contrebande. Une vraie conférence économie ne s’impose-t-elle pas pour revisiter notre approche de libéralisme économique énoncée à la conférence des forces vives de la nation sans les déclinaisons et les balises institutionnelles.

1.1 – Plan National de Développement du Bénin : entre méconnaissance du Nigéria et solutions inadaptées
Il est mentionné que le Plan National de Développement (PND) 2018-2025 a pour socle la vision Bénin 2025 – Alafia à savoir : « Bénin bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ». A ce titre, l’objectif Général visé par le PND est d’« atteindre une croissance soutenue, inclusive et durable d’au moins 10 % en 2025 axée sur le développement de l’agro-industrie, des services et du tourisme dans un cadre de gouvernance nationale et locale plus efficace en misant sur le développement du capital humain et des infrastructures ».
A l’analyse géopolitique de ce PND, quelques faiblesses apparaissent très clairement :

1. la vision Alafia 2025 est obsolète et ne peut servir de socle à un PND adopté en 2018 car ce document de prospective et de perspective à long terme n’a jamais fait l’objet d’évaluation et en plus, ce document n’a jamais servi de base à l’élaboration des PAG successifs et des projets de société qui les fondent ;

2. le Bénin a fortement reculé en matière de culture de la paix, et la violence qui s’est emparée des dernières élections législatives le montre à suffisance ;

3. en l’absence d’une séparation des pouvoirs entre les institutions, notamment l’abandon du contrôle parlementaire de l’action gouvernementale et du contrôle citoyen avec un anéantissement des organes de presse, on ne saurait parler de bonne gouvernance au Bénin : un mois après la fermeture de la frontière, le parlement n’a toujours pas interpellé le gouvernement et rares sont les organes de presse qui opinent sur le sujet de façon objective et documentée ;

4. le PND envisage de réaliser à l’horizon 2025 une forte croissance économique inclusive, soutenue et durable par la diversification des bases productives et des innovations avec la mutation du secteur informel vers le secteur formel. Il se pose très sérieusement un problème d’exclusion économique qui ne favorise pas la mise en confiance et la mobilisation des hommes et des femmes d’affaires béninois dont certains opérateurs économiques clés contraints à l’exil. Ces derniers, grands pourvoyeurs d’emplois, privent le pays de leurs ingéniosité et investissements du fait de l’exil forcé : il s’agit d’une fuite du capital humain et du capital économique contrariant ce défi de croissance inclusive, à moins que le développement du Bénin revienne à des non-Béninois ;

5. le fait de miser sur le tourisme peut réserver des surprises désagréables car en termes d’avantages comparatifs, il n’est pas certain qu’en l’absence d’un système démocratique, le Vodun et quelques colloques suffisent pour faire du Bénin une destination attractive avec un taux de remplissage élevé des divers hôtels qui s’implantent dans le pays, notamment sur le cordon dunaire gaspillant les plages ensoleillés du Bénin ;

6. s’il ne fait aucun doute que l’industrie manufacturière et les TIC ont un rôle de leviers clés de la croissance endogène à jouer, le paradoxe est l’absence totale d’analyse systémique sur l’environnement géopolitique immédiat du Bénin et portant sur le Nigéria et le Niger, deux pays qui constituent des opportunités certaines mais des contraintes non négligeables à relever pour parvenir à une coprospérité réelle et durable ;

7. Il est spécifié, entre autres, que les problèmes majeurs liés à la structure économique du Bénin s’expliquent par une productivité globale des facteurs peu compétitive et fortement corrélée avec l’évolution économique au Nigéria (page 83 du PND). Seraient à la base de cette faible productivité, les épisodes du déclin économique des périodes de crises ou de basse conjoncture de l’économie nigériane, comme ce fut le cas de 2002 à 2005, de 2009 à 2012, puis de 2013 à 2015 (page 85 du PND). Si le PND met en exergue ces années de crise au Nigéria et leurs répercussions sur le Bénin, ce document ne fournit en revanche, aucune analyse sur les mutations économiques au Nigéria et leurs répercussions sur le port de Cotonou, le secteur agricole et les échanges économiques entre les deux pays.

8. A la page 156 du PND, il est énoncé comme objectif d’atteindre d’ici 2025 « une Plateforme régionale de négoce et de services à forte valeur ajoutée » en raison de la montée en gamme au plan logistique qui nécessitera à la fois des investissements structurants et parfois massifs qui permettront au pays de bénéficier au mieux de sa position charnière entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale, ainsi que de la proximité avec le Nigéria. C’est la plus grosse erreur de ce PND de n’avoir pas intégré des analyses plus rigoureuses sur les grandes mutations économiques en cours au Nigéria Egalement, le développement des zones frontalières exposé à la page 199 ne repose sur aucune donnée de connaissance du terrain et pourtant l’Agence Béninoise de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers (ABeGIEF) a accumulé de pertinentes informations en complément des travaux de recherche du Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale (LARES).

1.2 – Comprendre les fondements de crise frontalière entre le Bénin et de le Nigéria : au-delà des baratins sur la guerre des personnes

• De la haine viscérale entre les opérateurs économiques
Pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria devrait voir sa population fortement augmenter d’ici 2050. Sur la base des données disponibles, la population du Nigéria est estimée à 229 479 194 habitants en 2025. En 2050, le Nigéria passera à la troisième place pour sa démographie, avec presque 400 millions d’habitants. S’il sera toujours loin derrière l’Inde et la Chine, chacun pesant plus d’un milliard de personnes, le Nigeria dépasserait par exemple les États-Unis avec ses 388 millions d’habitants et le Brésil pour ses 238 millions d’habitants. On ne peut gérer une telle poussée démographique sans l’accompagner d’un système de prévisibilité des besoins de la population et des stratégies pour y répondre. C’est tout l’enjeu des études perspectives à long terme. La seule étude du genre publiée en 2000 sur l’appellation « Bénin Alafia 2025 » a été anéantie par les régimes politiques successifs à travers des programmes d’actions du gouvernement déconnectés de cette vision. Souvent une gestion calamiteuse des ressources publiques caractérise les PAG à travers un système bien organisé de magouilles et de scandales sur les marchés publics à tel point que le Bénin ne décolle pas économiquement et la pauvreté reste une pesanteur de plus en plus forte. Le Nigéria ne peut pas prendre le risque d’une telle cécité économique à conséquence sociale énorme face à un Bénin de mépris pour l’intérêt général.

Mais alors, comment fait-on pour nourrir une telle population nigériane, considérant que la nourriture est une question fondamentale de souveraineté, de santé publique et d’épanouissement de l’homme ? Les Béninois ne l’ont pas encore compris, surtout les décideurs politiques et les hommes d’affaires. Comment doit-on anticiper sur cette explosion démographique lorsque la montée des températures crée des perturbations pluvieuses qui affectent la production agricole en réduisant les rendements des cultures avec une accélération de la désertification donc la perte des terres arables ?

La question du changement climatique induit non seulement la bataille de l’eau au Nigéria mais aussi la bataille du riz qui ne fait pas rire dans ce pays confronté à la contrebande du riz via le Bénin. Conduit par en personne par Général Buhari, qui gouverne pour la troisième fois son pays, cet homme d’un calme olympien mais d’une fermeté redoutable quand il s’agit des intérêts de son pays, n’entend plus que les gardes à manger du Nigéria soient en Thaïlande et en Inde. Mais qui est Muhammadu Buhari ?

Il fut le Président de la république fédérale du Nigéria du 31 décembre 1983 au 27 août 1985, et l’est au titre de ses deux mandats démocratiques du 29 mai 2015 à mai 2023. Au Bénin, c’est un chef d’Etat, homme d’affaires qui est à tête de ce pays alors qu’au Nigéria, c’est un militaire qui a l’expérience du pouvoir d’Etat et en bonne intelligence avec les hommes d’affaires de son pays. Il s’agit de deux logiques de gouvernance diamétralement opposées, celle du Nigéria étant basée sur la solidarité nationale, la préférence nationale et le patriotisme économique non négociable ; celle du Bénin est fondée sur la fragilisation de potentiels concurrents nationaux et des incompréhensions assez dramatiques débouchant sur la fermeture d’entreprises créés par des Béninois au Bénin. De très graves crises sociales sont inévitables avec cette mentalité béninoise qui ne favorise pas la co-construction de l’économie nationale et opte pour le monopole déguisé au profit de quelques-uns et de certaines entreprises étrangères. La haine entre les hommes d’affaires politiciens bloque le développement du Bénin : Sébastien Ajavon, Martin Rodriguez et bien d’autres sont contraints à l’exil ce qui est une absurdité pour un pays pauvre très endetté qui a besoin du concours de tous ces filles et fils comme des investisseurs de premier plan pour la construction de leur pays.

Le piège des PAG et les limites d’un pays de transit et de services

Le Nigéria a mis à nu la fragilité du système de planification du développement au Bénin qui n’est basé sur aucune étude perspective sérieuse à long terme de l’économie et tenant compte des marchés nigérians et nigériens. Il s’agit d’une vraie faillite institutionnelle de l’Etat qui tous les cinq ans se dote d’un programme d’actions d’un gouvernement (PAG) qui n’est rien d’autre qu’un marché de court terme s’inscrivant dans une succession de rupture sans aucune modélisation du développement du Bénin. Il y a une sérieuse crise de continuité de l’Etat et chaque régime fait de nombreux investissements qui méprisent ceux du régime précédent : ainsi des éléphants blancs sont provoqués par le régime en activité (cas du siège du parlement et des unités de transformation des produits agricoles sous le régime du Président Yayi).

La bataille du riz en cours depuis le 20 août 2019 ouvre les yeux à quelques Béninois qui commencent par douter de la consistance de ces PAG sans socle économique. Il s’agit de repenser tous les pans du système productif béninois en lien avec le système éducatif national, car vivre structurellement de la contrebande par la réexportation de produits prohibés vers le Nigéria n’offre aucune garantie de développement durable. Si le Port Autonome de Cotonou (PAC) chute avec les recettes de la contrebande, c’est toute l’économie béninoise qui s’écroule comme un château de carte.

Le Bénin produit environ de 600 000 tonnes de coton qui concentrent toutes les énergies du ministère en charge de l’agriculture et du gouvernement en général, mais il ne s’agit que de la vente du coton du cru à l’étranger. En définitive, aucun produit agricole n’est intégré à une chaîne de valeur ajoutée engendrant des produits manufacturés pour les marchés béninois, africains et mondiaux, l’exportation de l’ananas et de la noix cajou restant encore faible avec un début d’industrialisation.

1.3 – Stratégies d’intégration régionale justifiant la fermeture des frontières du Nigéria

• Les orientations de la politique agricole de l’UEMOA (PAU)
L’UEMOA a adopté en 2001 une Politique Agricole de l’Union (PAU) dont le champ d’application concerne l’agriculture, l’élevage, la pêche et la foresterie. Les objectifs poursuivis sont entre autres de réaliser la sécurité alimentaire, en réduisant la dépendance alimentaire et en améliorant le fonctionnement des marchés des produits agricoles. En conséquence, les importations croissantes de riz au Bénin est incompréhensible pour un pays d’eau surtout que figurent dans les grands axes de la PAU « l’amélioration de la compétitivité comparée des grandes filières prioritaires : riz, maïs, bétail-viande, aviculture et coton ». C’est curieux que le Bénin fasse le choix dans sa politique commerciale et fiscale de privilégier la promotion du riz asiatique plutôt que de développer le riz béninois.

Les orientations de la politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP)

La CEDEAO a adopté en janvier 2005 sa politique agricole –ECOWAP – qui constitue un point nodal pour la mise en œuvre du volet agricole du NEPAD (PDDAA) dans la région. Bientôt, cette politique agricole régionale aura 15 ans. La politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) affirme comme vision : « une agriculture moderne et durable, fondée sur l’efficacité et l’efficience des exploitations familiales et la promotion des entreprises agricoles grâce à l’implication du secteur privé. Productive et compétitive sur le marché intra-communautaire et sur les marchés internationaux, elle doit permettre d’assurer la sécurité alimentaire et de procurer des revenus décents à ses actifs ». L’ECOWAP a érigé en principe la souveraineté alimentaire de la région. Ceci passe notamment par une forte intégration régionale et un niveau approprié de protection aux frontières, différenciée selon les enjeux spécifiques de chacune des filières. Est restée plus dans le discours que dans la pratique, l’ambition de l’ECOWAP de « Faire de l’agriculture le levier de l’intégration régionale » en réponse musclée à la crise provoquée par la hausse des prix des denrées alimentaires consécutives à la sécheresse des années 1980.

Il est à considérer que chaque sac de riz importé d’un pays asiatique c’est un riziculteur ou une rizicultrice qui est anéanti, une remise en cause du principe de la souveraineté alimentaire et une attaque géoéconomique qui est ainsi perpétré entre les Etats membres. L’amélioration de la balance commerciale agro-alimentaire de chaque pays et de l’espace CEDEAO est une ambition légitime que les peuples, notamment les parlements, les médias, les producteurs, les agents de sécurité, les transformateurs et les consommateurs doivent défendre aux côtés des gouvernements. L’ECOWAP a retenu dans ses orientations la mise en œuvre d’un régime commercial intracommunautaire fondé sur le principe d’une zone de libre échange en cours de construction. Cette zone ne pourra jamais prospérer avec la politique de réexportation de produits étrangers par certains Etats membres de la communauté comme le Bénin.

1.4 – Les déterminants du nouveau paradigme : quelles pistes d’amélioration ?

Le Bénin doit nourrir les béninois en quantité et en qualité en même temps qu’il doit contribuer à la sécurité et à la souveraineté alimentaire collective au sein de la CEDEAO. Une tel défi appelle des mesures d’urgence que suggèrent les leçons apprises de la fermeture des frontières.

1. Organiser les assises nationales pour remobiliser toutes les couches de la société béninoise autour des trois grands défis de développement du Bénin dont : (i) Droit de l’homme et liberté démocratique, (ii) gouvernance économique et industrialisation du Bénin, (iii) réformes politiques et relations internationales du Bénin avec les pays voisins et le monde ;

2. Evaluer toutes les structures publiques en charge de la prospective afin de définir les grandes orientations de réforme en matière de prospectives économique et sociale au Bénin et rendre publics les résultats pour une appropriation nationale ;

3. Créer un organe central de prospective et d’analyse géopolitique avec la mise en place d’une équipe pluridisciplaire constituées de personnes qualifiées et recrutées sur concours parmi des civils, les paramilitaires et militaires ;

4. Constitutionnaliser la modélisation du développement du Bénin sur la base d’études perspective à long terme 2021-2050 pour assurer la continuité de l’Etat et servir de socle à tous les PAG mettant fin ainsi aux projets de société portés par les candidats aux différentes élections présidentielles ;

5. Financer des études de haut niveau scientifique et opérationnel sur la géographie, l’économie, la culture et la sécurité des pays voisins notamment le Nigéria, le Niger, le Burkina, le Togo et le Mali afin d’identifier les domaines de coopération transfrontalière à réelle valeur ajoutée et à bénéfice réciproque ;

6. Mettre en place un financement durable pour les études de prospectives et de perspectives garantissant aux chercheurs mobilisés de meilleures conditions de travail ;

7. Insérer dans les programmes d’éducation nationale des chapitres assez détaillés sur la géographie, l’histoire, la sociologie et l’économie des pays voisins ;

8. Organiser tous les trois une enquête de perception sur la manière dont le Bénin est perçu dans les pays voisins afin de renforcer les relations de bon voisinage et corriger les imperfections ;

9. Développer des outils de suivi et d’évaluation des Accords et des Traités avec les Etats voisins pour crédibiliser la chaîne décisionnelle de l’Etat béninois par des analyses systématiques d’impact de la réglementation de toutes décisions du gouvernement afin de prévenir des situations conflictuelles comme celle relative à la fermeture des frontières ;

10. Restructurer toutes les ambassades du Bénin pour renforcer leurs capacités institutionnelles en matière d’exploration de partenariat économique et d’analyses géopolitiques ;

11. Réhabiliter les acquis de la Conférence des Forces Vives de la Nation avec une grande célébration en 2020, à l’occasion des 30 ans de cet événement important et inédit dans l’histoire politique et social du Bénin ;

12. Négocier au niveau politique et des Chambres consulaires (Chambres d’agriculture, Chambres de commerce et d’industrie, Chambres des métiers) du Bénin et des pays voisins la possibilité de la mise en place de filières économiques interconnectées pour mieux canaliser les flux des produits du cru et des produits manufacturés destinés aux différents marchés avec la levée des barrières non tarifaires pour l’accès direct des marchés nigérians par les Béninois notamment pour les produits agricoles.

Simon-Narcisse Tomety

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